24 janvier 2009

LA VIE ET LE RÔLE DE NOTRE ASSOCIATION AFFECTADOS

Tout d'abord il y a lieu d'introduire une distinction entre notre association Affectados et les associations d'aide aux victimes, que l'on trouve dans chaque département, qui sont liées à l'administration de la justice et bénéficient d'un fort soutien de l'état (du moins en France).

Affectados a été crée au lendemain de la tragédie, dans l'hôtel où nous avons attendu l'identification des corps avec l'ensemble de toutes les familles, à ce moment nous avons participé à une réunion où tous les échanges étaient en Espagnol. Mais nous avons compris la nécessité de donner nos mails pour rester en contact avec l'ensemble des participants, comme je vous l'ai déja indiqué, aucun traducteur de l'Ambassade et du Consulat n'était présent à cette réunion.

Durant trois longs mois, les nombreux mails reçus faisaient état des douleurs, des grandes peines, du désarroi, des peurs et de l'inquiétude grandissante de l'arrivée inexorable de Noël, des poëmes aussi pour les victimes, et nous nous efforcions de traduire ceux-ci avec difficulté et avec Google, ce qui parfois nous a mis mal à l'aise vis à vis de nos Amis Espagnols. Pour écrire dans la langue de Cervantès,nous avons donc écrit avec la traduction Google,le résultat fut catastrophique, puisque nos écrits disaient que nous étions "heureux".
Je l'ai déja souligné, la douleur , le deuil sont des affections privées qui provoquent repli et passivité, passer de l'état de victime à celui d'acteur est une gageure, que notre association a relevé et que ses bénévoles relèvent tous les jours. En cela et pour de multiples raisons nous leur en sommes énormément reconnaissants et nous feront de France tous les éfforts pour participer et soutenir nos nouveaux Amis d'infortune.

Affectados s'organisa malgré tout avec la volonté farouche du "plus jamais ça", lors de l'assemblée générale du 12 Décembre qui s'est déroulée à Las Palmas et à Madrid avec constitution d'un bureau, Président, Secrétaire,Trésorier ect... Et dans la foulée l'annonce que différentes réunions ont eu lieu avec le Premier Ministre des iles Canaries, avec l'Evêque qui avait prononcé une homélie en hommage à toutes les victimes.

Ces réunions avaient aussi pour but d'obtenir des subventions, des locaux, accès internet, téléphones et d'autres services, les réponses ont été positives de la part du Gouvernement des Canaries, comme de l'évêché. Il a aussi été évoqué d'élever un monument en hommage et en souvenir des victimes, qui serait placé dans un lieu emblématique.

L'Unoin Deportiva Las Palmas(football) et CB Gran Canaria (basketball) avaient contacté Affectados pour des rencontres en salle, (celles-ci ont eu lieu depuis avec 3000 spectateurs ,et les recettes ont été versées à l'association). De nombreux contacts ont eu lieu aussi avec des villes et régions pour apporter des soutiens sociaux et psycologiques aux familles issues de ces collectivités. Que ce soit pour les entrevues avec les différents interlocuteurs ou les manifestations sportives, les médias étaient présents.

Pourquoi ces différentes démarches ? Parce que comme toutes les associations de victimes d'accidents collectifs (et comme les associations telles qu'elles soient) disposent de quelques atouts précieux, mais aussi d'handicaps non négligeables.
D'abord leur faiblesse en moyens humains et surtout financiers, elles font parfois beaucoup parler d'elles,mais c'est en proportion inverse à leur poids matériel. Elles tournent sur l'engagement bénévole sacerdocal de quelques individus ayant acquis au fil de leur engagement, de grandes compétences ,tant sur le plan technique, que juridique, que de la connaissance et de l'usage des médias ou du monde politique.
Que ces bénévoles décrochent car le temps sera l'allié de nos adversaires, et l'ensemble de l'association est fragilisée, déstabilisée.

Et pour qu' AFFECTADOS déroge à la règle, il lui faut des moyens financiers. Le premier paradoxe, est que nous sommes victimes et en plus il faut que l'on paye pour se faire défendre, comment se libérer pendant deux,trois, quatre mois pour assister au procès. Et bien sûr il faudra se colleter avec les monstres financiers que sont la cie spanair (la maison mère est SAS)
et sans doute Boeing, avec ses troupes gigantesques de cabinets d'avocats aux taux horaires de 1500Euros de l'heure (dixit les avocats Espagnols des Familles)
Ce tableau étant dressé et rien n'étant écrit, après avoir été sollicité par de nombreux proches pour participer financièrement à ce combat , l'adhésion à notre association AFFECTADOS est pour l'année 2009 de 5euros par mois, soit 60 euros pour l'année.

Il existe deux comptes banquaires à Madrid et Las Palmas à la Caixa, avec des comptes bien identifiés AFFECTADOS JK5022, néanmoins et afin de ne pas subir des frais de virement, nous demandons d'éffectuer un chèque en totalité (sans aucune obligation, mois par mois, nous ferons le nécessaire, nous ne vivons pas dans une bulle et nous connaissons les difficultés quotidiennes de chacun) à l'ordre de Charilas Claude, avec la photocopie de la carte d'identité ou passeport et votre mail (le tout par mail ou par courrier).Vous aurez un numéro de Socio colaborateur, et recevrez toutes les infos sur les actions menées et un accès au web avec un mot de passe. Ce montant de 60€ n'étant pas plafonné, d'autre part , j'ai contacté les services fiscaux pour une éventuelle déduction auprès des impots, y compris pour les sociétés, je vous informerai de la réponse le plus tôt possible.

Je vous remercie d'avance de votre contribution, pour la "vraie" vérité, la reconnaissance des responsabilités et le souvenir.
Je vous embrasse tous.

13 janvier 2009

LA PLACE DE LA VICTIME, NOTRE PLACE

Certains éléments donnés ci-après font suite au colloque de la FENVAC du 21Novembre et par Jacques Bresson,Président d'honneur de la FENVAC.

En préambule, il nous faut rendre un hommage à Mme Francoise RUDETZKI, secrétaire générale de SOS-Attentats Paris, qui oeuvre depuis 1985, engagée dans de multiples combats, pour l'indemnisation, pour l'accès à la justice, pour améliorer les relations entre victimes et les médias, pour améliorer la prise en charge globale et pluridisciplinaire, pour la mémoire, pour trouver une place juste et judicieuse pour les associations de victimes, etc.... Sans cette Dame exeptionnelle, les associations de victimes auraient beaucoup de difficultés à exister comme actuellement, mais le chemin à parcourir pour une reconnaissance à part entière vis à vis des institutions est encore long et usant.


UN GRAND MERCI Mme RUDETZKI.


Les victimes de catastrophes sont interpellées et choquées par l'image que l'on donne fréquemment d'elles : égarées par la douleur et incompétantes, le tout leur est dû, elles sont revendicatrices voire revenchardes, des pleureurs, de lobby revanchards, elles veulent se substituer au procureur, voire exercer la justice elles mêmes. Ces images sont toujours véhiculées dans le but d'étayer les théories et défendre les intérets de ceux qui les défendent.

Il faut tordre le cou à cette image des victimes, qui satisfait tellement les responsables, véhiculée aussi bien par certains magistrats, des élus, des fonctionnaires, et bien sur les avocats des auteurs de catastrophes. La première idée fausse est que les catastrophes sont irrationnelles. Excluant celles provoquées par des phénomènes naturels, elles sont au contraire d'une implacable logique : enchainement d'imprudences, de négligences, de non respect des règlements etc... Logiques, donc prévisibles, elles ont toujours plusieurs causes,donc plusieurs auteurs ayant chacun une part de responsabilité. Ce n'est que la confirmation des différents articles de ce blog.
La sécurité des transports collectifs et plus encore l'aérien ne peut être et n'est pas soumise à l'erreur d'un seul homme : elle est partout garantie par des systèmes dans lesquels l'erreur de l'un doit être neutralisée par l'action de l'autre.


Les victimes ou familles de victimes de catastrophes dont nous sommes, rejetons totalement ces images fausses que l'on donne de nous, ni pleureurs, ni revenchards, ni pollueurs, simplement des citoyens ordinaires victimes de l'insécurité. Lorsque qu'un tel drame nous frappe nous souhaitons savoir ce qui s'est passé, qui a fait quoi, et tous ceux qui par imprudence, négligence, non respect des règlements ont une part de responsabilité, soient jugés et sanctionnés à proportion de leurs fautes, dans le cadre de la loi. La justice doit poursuivre de la même façon que les exécutants, les personnes ayant un rang élevé si dans l'exercice de leurs fonctions, elles ont commis une faute ayant entrainé la catastrophe.


La place des victimes est au coeur de la procédure pénale.

La sanction de justice a une valeur exemplaire en matière de sécurité, qu'elle est de nature à alerter et à responsabiliser tous ceux qui ont un rôle dans la sécurité collective de leurs concitoyens.


Comme je l'ai déja écrit notre souhait profond, voire viscéral et ça l'est pour la plupart des familles de victimes, c'est que l'on tire toutes les lecons de ce crash. Il faut que nous interpellions les professionnels de l'aérien pour demander des comptes sur les mesures à prendre pour améliorer la sécurité collective. Il faut que nous apportions notre contribution pour une prévention des accidents, car nous sommes bien sûrs maintenant, sensibilisés, motivés et vigilants car nous avons été trahis dans la confiance des systèmes de sécurité. Il ne faudrait pas que ces professionnels de l'aérien fassent la soude oreille sur une demande d'intégration dans des structures de réflexion.


La place des victimes est au coeur de la prévention.

Certes, ce ne sera pas facile, car les propos des familles de victimes sont sans concession. Mais notre présence sera une garantie accrue d'exigence et de vigilance, et rapellera à ceux dont la sécurité collective est la mission "derrière les contraintes budgétaires en millions d'euros", il y a des êtres de chair et de sang, dont la vie est le bien essentiel et dont la mort peut détruire des familles entières.

Et pour être au coeur de la procédure pénale, au coeur de la prévention, il nous faut une association, celle-ci devra faire un important travail de relecture des évènements qui ont conduit à l'accident. Nous avons cette association"Affectados" qui s'est crée immédiatement après le crash et les adhésions croissantes surtout par rapport à une révolte face à "cette fatalité" qui a le don de réveiller les familles quelque peu engluées dans un fonctionnement routinier. Le réveil en sursaut fait mal, mais il a le mérite d'une prise de conscience et d'enrayer les dérives des systèmes.

Je ne tarderai pas à vous informer sur "LA VIE ET LE ROLE DE NOTRE ASSOCIATION"
et dans ce nouveau message, votre aide nous sera des plus utile.

Bon courage à tous et que cette nouvelle année vous donne les meilleures perspectives possibles.